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DESJARDINS Antoine ROY ditDes mésaventures qui tournent mal pour Antoine Roy dit Desjardins Antoine Roy (ancêtre du côté de ma belle-fille et de ma petite fille) était sans doute un amoureux de la vie et son aventure en Nouvelle-France avait bien commencé. Il était originaire de la paroisse de Saint-Jean à Joigny en Bourgogne. Nous ne connaissons pas la date exacte de sa naissance, mais nous savons que sa mère s’appelait Catherine Baudard et que son père, Olivier Roy maître-tonnelier, lui avait transmis les ficelles du métier. Soldat de Carignan Arrivé avec le régiment de Carignan en 1665, Antoine Roy s’était embarqué à La Rochelle avec la compagnie de Froment à bord du Vieux Siméon de Dunkerdam. Il avait environ 29 ans et il portait le surnom de Desjardins. Après deux mois de traversée, les soldats sont à Québec le 19 juin. En août, on retrouve la compagnie de Froment en train d’ériger le fort Saint-Louis à Chambly sous les ordres de Monsieur de Tracy. Les troupes du régiment de Carignan avaient pour mission, on le sait, de combattre les Iroquois qui ne cessaient de harceler, de piller et de tuer les Français nouvellement installés sur les rives du Saint-Laurent. Les Iroquois sont défaits dès 1666, la paix est rétablie en 1667. Aux soldats maintenant démobilisés on offre la possibilité de s’installer. La compagnie de Froment ayant été mise en cantonnement dans la région de Trois-Rivières, Antoine aura l’occasion de s’y établir. Dès 1667[1], il reçoit des Jésuites seigneurs du lieu, une concession à Batiscan. Mariage L’année suivante, il épouse Marie Major, une fille du roi, originaire de Normandie, plus précisément de la Paroisse Saint-Thomas de la ville de Touques dans le Calvados. Ses deux parents, Jean, receveur de la baronnie d’Heuqueville-en-Vexin et d’Aubeuf-en-Vexin, un homme instruit, et sa mère Marguerite LePelé sont tous deux décédés[2]. Le contrat de mariage est signé dans la maison de Jean Levasseur dit Lavigne (ancêtre côté Vaillancourt) qui hébergeait quelques filles du roi à leur arrivée au pays[3]. Marie Major apporte 300 livres de dot. L’endettement Installé à Batiscan, Antoine songe davantage à brasser des affaires qu’à cultiver sa terre. Il achète des terres pour spéculer. En 1679, il part même pour La Rochelle régler des affaires. Dès lors, il commence à s’endetter sérieusement. Jacques Marchand, Michel Lecourt, Étienne Pezart seigneur de Champlain, Nicolas Rivard, Pierre Mesnier et Jacques Babie comptent parmi ses créanciers. Par malchance, l’un d’entre eux est particulièrement impatient et irritable. Il s’agit de Michel Lecourt, un homme qui se retrouve régulièrement devant les instances juridiques pour répondre à des plaintes contre lui. Guillaume Lizot (ancêtre de la famille Roy – Lizotte) qui a fait affaires avec Lecourt aurait même subi de sa part des violences physiques. En compensation, Lizot finira par obtenir de Lecourt 24 livres et 14 sols pour le coût de médicaments[4]. D’autres comme Louis Lefebvre, Claude Maugue, Mathurine Thibault et Étienne Landron iront protester également contre ses façons de faire. Calomnies, insultes, injures et menaces de toutes sortes semblent faire partie de ses habitudes. Par contre, ce Lecourt est sans doute plus doué que Roy Desjardins pour les affaires. Désespérant de se faire rembourser, il le harcelle sans cesse, si bien que sous la pression, Antoine quittera Batiscan pour aller exercer son métier de tonnelier à Montréal en 1684, histoire de se renflouer un peu. Mais il n’est pas au bout de ses peines. La prison Lecourt accuse Roy de «mauvaise volonté» et de mettre de côté l’argent gagné comme tonnelier plutôt que de rembourser. Convoqué devant le bailli Migeon de Branssat, l’ancêtre est condamné à rembourser Lecourt sur le champ, faute de quoi il devra travailler pour lui jusqu’au paiement de sa dette. Vers le 7 juin 1684, faute de remplir ses obligations, Roy se retrouve en prison. Il en sort après huit jours avec promesse de rembourser dans les deux jours… ce qu’il s’abstiendra bien de faire évidemment. Talua dit Vendamont Le 21 juin, Lecourt réclame donc à nouveau son emprisonnement. Il a entendu dire que Roy Desjardins était sur le point de quitter Lachine où il loge chez un dénommé Vendamont qui attise le feu contre Roy depuis un moment car il le dénonce pour la seconde fois au moins. Le 8 mai précédent en effet, ce Julien Talua avait effectué une saisie contre Roy au nom de Lecourt. Visiblement Talua a une attitude étrangement vindicative envers son pensionnaire. Il le soupçonne très fortement de coucher avec sa femme Anne Godeby. Les voisins auraient remarqué beaucoup de complicité entre les deux amants. Assassinat Un jour, Vendamont veut en avoir le cœur net. Robert-Lionel Séguin[5] raconte ainsi les faits : «Le 10 juillet 1684, un habitant de Lachine, le Nantais Julien Talus dit Vendamont. » Se rend jusqu’au trécarré de sa terre alors qu’il fait encore nuit. Levé avant le chant du coq, l’homme compte terminer la coupe du mil avant que le soleil se fasse trop chaud. Mais le faucheur manque visiblement d’entrain. Sa pensée est ailleurs. Son épouse, que d’aucuns disent volage, profitera-t-elle de son absence pour s’adonner aux Jeux interdits de l’amour? N’y tenant plus, Talus laisse tomber la faux pour rentrer précipitamment chez lui. Il y arrive vers les six heures du matin. Et qui voit-il par la fenêtre de la chambre? Nul autre qu’un voisin, Antoine Roy dit Desjardins, «qui estoit couché avec Anne Godeby, sa femme ». Le mari voit rouge. Saisissant un bâton, il en frappe son rival jusqu’à ce qu’il passe de vie à trépas. Les choses se sont-elles vraiment déroulées ainsi? L’arme du crime est-elle bien le bâton? Surtout Vendamont racontait-il la vérité quand il se précipite devant le bailli Migeon de Branssat pour avouer avoir tué Antoine Roy «sur les six heures du matin», l’ayant surpris, prétend-il, couché avec sa femme, Anne Godeby, avec laquelle, ajoute-t-il, le dit Desjardins entretenait depuis longtemps «ce commerce infâme».[6] ? Concernant l’arme, pourrait-il s’agir d’un couteau ou d’un fusil ? Il n’y aurait aucune précision à cet effet dans les écrits. Cependant, un inventaire des objets trouvés sur les lieux mentionne la présence de «… 2 méchantes petites Couvertes percées et ensanglantées et une peau passée aussy ensanglantée . . .». [7] À l’époque, bien entendu, les moyens scientifiques médicaux-légaux pour découvrir les faits entourant les crimes étaient pas mal moins développés qu’aujourd’hui On se fiait presqu’exclusivement aux paroles des uns et des autres. Si bien que cette histoire de flagrant délit d’adultère pourrait même avoir été complètement inventée par Vendamont pour justifier son acte et s’attirer la sympathie des hommes qui allaient le juger. Ce qui semble bien avoir fonctionné. Le sort réservé à l’assassin L’Assassin, Julien Talua dit Vendamont, ce Breton originaire de Nantes, avait épousé Anne Godeby quinze ans plus tôt. Le couple était sans enfant. Quand il va avouer son crime devant le bailli, il est aussitôt emprisonné. Le procès à lieu en septembre suivant et le 14 octobre, il est condamné à la peine capitale. Mais à peine est-il condamné qu’il fait appel. Le Conseil souverain accepte aussitôt la demande et Vendamont est transféré à Québec pour subir un nouveau procès. Début décembre, en prison à Québec, il se plaint des mauvaises conditions de détention et, selon son procureur «il a déjà tant souffert par sa longue prison outre plusieurs misères et infirmités qui lui en proviennent, il est encore atteint d’une fièvre tierce depuis huit à dix jours dont il est grièvement travaillé»[8]. En d’autres mots, s’il n’est pas relâché, il va mourir. Le Conseil souverain fait alors preuve d’une indulgence qui ne se démentira pas. Il accepte que le coupable soit logé chez le cordonnier Journet, rue Saint-Louis à la condition de ne pas s’éloigner. Mais un peu plus de deux semaines plus tard, le prisonnier demande à pouvoir se rendre à Montréal pour régler ses affaires… ce qu’on lui accorde sans problème. Puis Vendamont disparaît dans la nature. On n’entendra plus parler de lui. La femme adultère Quant à son épouse, Jeanne Godeby, elle sera incarcérée à la prison de Montréal et condamnée «a un bannissement perpétuel de la dite Isle, à peine du fouet et du Carcan en cas de contravention»[9]. Contrairement à son époux pourtant responsable avoué d’un meurtre, elle n’a eu droit à aucun appel. Elle s’est réfugiée à Québec car nous savons qu’elle a séjourné à l’Hôtel-Dieu en 1690.[10] Marie Major Apprenant le meurtre de son mari, Marie Major quitte aussitôt Batiscan où elle vivait avec son fils de 15 ans et accourt à Montréal. Elle réclame justice. En attendant, son fils récupère les quelques outils de tonnelier appartenant à son père. Un peu plus d’un an à peine après la mort violente d’Antoine Desjardins, Michel Lecourt son créancier le plus acharné décède à Montréal. Mais sa veuve, Louise Leblanc, ne lâchera pas le morceau. Elle demande à ses procureurs «de prendre toutes mesures légales imaginables: — poursuites, saisie, licitation, nomination d’un curateur aux biens vacants du dit Roy-Desjardins, plaidoiries en appel, etc.»[11] Finalement, c’est le principal créancier d’Antoine Roy, Jacques Marchand, qui fera mettre aux enchères les biens meubles et immeubles de l’ancêtre. |
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